Le pari risqué des sanctions comme monnaie d’échange 

La montée en puissance des sanctions a été rapide. Après le début des frappes russes, Washington a intensifié sa réaction économique. Pour commencer, les États-Unis ont ciblé d’importantes banques de développement publiques et restreint le marché des dettes souveraines russes. Le lendemain, l’OFAC a rompu les liens entre le système financier mondial et certaines des plus grosses banques russes – dont les deux principales – et étouffé le financement de certaines des plus grosses entreprises. En parallèle, le département du Commerce a imposé un contrôle des exportations, concernant les intrants des industries russes de la défense et de l’aérospatial.

Le premier week-end de la guerre, après un accord avec le Canada et les alliés européens, les États-Unis ont annoncé des sanctions contre la Banque centrale russe – leur mesure la plus agressive à ce jour. Depuis ce point culminant, Washington a imposé de nouvelles sanctions à l’industrie russe de la défense, un contrôle des exportations ciblant le raffinage russe, et une restriction des échanges avec la Biélorussie pour prévenir les tentatives de contournement des sanctions. Plus récemment, le président Biden a annoncé que les États-Unis prohiberaient l’importation de pétrole, gaz et charbon russes. Dans le même temps, le département du Trésor a progressivement étoffé la liste des élites et oligarques russes visés par des sanctions.

En parallèle, l’Union européenne a produit ses propres sanctions, à un rythme plus lent puisqu’il fallait l’accord de chacun des vingt-sept États membres sur chaque mesure. Elle a, notamment, limité l’accès des principales banques russes à SWIFT, la société belge de messagerie financière qui accompagne la plupart des transactions financières mondiales.

Les sanctions américaines sont tout à la fois une affaire de diplomatie, de politique économique et de plomberie financière ; elles sont le produit des efforts conjoints de la Maison-Blanche, du Trésor et du département d’État (les Affaires étrangères). La Maison-Blanche coordonne la stratégie américaine. Elle annonce les grosses décisions, par exemple les sanctions sur la Banque centrale, et mène les initiatives économiques anti-russes à l’échelle intergouvernementale.

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