Guerre en Ukraine : peut-on se passer du gaz russe ?

L’Union européenne (UE) est fortement dépendante du gaz russe depuis de nombreuses années. Sur la période 2020-1er semestre 2021, la part de la Russie dans les importations de gaz de l’UE était de 45%, ce qui fait de ce pays notre premier fournisseur, loin devant la Norvège et l’Algérie dans cet ordre. Il y a eu par le passé quelques problèmes sérieux, dont les crises russo-ukrainiennes du gaz de janvier 2006 et janvier 2009 qui se sont traduites par des arrêts dans les flux de gaz russe via l’Ukraine et vers l’Europe. Ces crises dans la deuxième moitié des années 2000 et la guerre de 2014 entre la Russie et l’Ukraine étaient des signaux clairs pour les Européens même si ceux-ci n’en ont pas tiré toutes les conséquences avant le mois de février 2022.

Pour sa part, la Commission européenne appelle les pays européens à diversifier leurs approvisionnements gaziers, ce qui veut dire à moins dépendre du gaz russe, depuis plus d’une dizaine d’années. Malgré tout cela, le gaz russe représente encore 45% des importations européennes, ce qui montre bien que la volonté politique d’agir de façon résolue pour diminuer cette dépendance n’était pas globalement au rendez-vous. Je dis globalement parce que, à l’intérieur de l’UE, la situation des États membres est très différente par rapport à ce sujet géopolitique clé.

Quels sont les scénarios possibles, avec quelles conséquences selon la durée de la guerre en Ukraine, pour l’approvisionnement du gaz au sein de l’UE ? Les Européens peuvent-ils arriver à diminuer leurs besoins en gaz russe à court terme pour sanctionner la Russie ? A contrario, la Russie pourrait-elle décider de couper le robinet ?

Le scénario selon lequel la Russie couperait elle-même le robinet du gaz naturel vers l’Europe n’est pas du tout le plus vraisemblable. Certes, dans une guerre, rien ne peut être totalement exclu, mais la probabilité de réalisation de ce scénario est très faible même si l’on entend quelques menaces venant de Moscou sur ce sujet. Rappelons que l’Europe représente au moins 60% des exportations de gaz russes. On ne se prive pas délibérément d’un tel marché.

En revanche, le scénario selon lequel l’UE se priverait d’une partie importante du gaz russe pour sanctionner la Russie suite à son agression contre l’Ukraine a progressé à pas de géant depuis le 24 février 2022. Il y a à présent deux objectifs politiques qui ont été fixés : premièrement, diminuer les importations de gaz provenant de la Russie d’au moins un tiers, voire de 50%, voire des deux tiers, dans un délai d’un an (le premier chiffre étant le plus réaliste) ; deuxièmement, se passer complètement des hydrocarbures (pétrole et gaz naturel) russes dans le moyen terme, soit à échéance 2027.

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