« Du jamais vu » : des températures de 40°C au-dessus des normales en Antarctique

Nouveau record pour le pôle Sud. Un pic de chaleur de –11,5°C a été enregistré vendredi 18 mars par la station de recherche franco-italienne Concordia, installée à plus de 3000 mètres d’altitude en Antarctique. C’est 40°C de plus que les températures de saison qui gravitent autour des –55°C. « Moins 11°C pour un mois de mars, c’est du jamais vu », s’alarme Gerhard Krinner, directeur de recherche au CNRS et glaciologue spécialiste du climat polaire. C’est en effet un record absolu tous mois confondus pour le pôle Sud, détrônant les –13,7°C atteints le 17 décembre 2016.

Outre Concordia, d’autres bases de recherche ont observé une hausse inhabituelle des températures. Un record de douceur pour un mois de mars a été établi à la station française Dumont d’Urville, installée sur la côte de la Terre Adélie, avec une température minimale de +0,2°C le 18 mars. À la station russe de Vostok, le thermostat a, quant à lui, atteint les 17°C au lieu des 53°C attendus. Là encore, c’est une première. « En quelque 65 années à Vostok, entre mars et octobre, on n’a jamais observé de valeurs supérieures à –30 °C », a déclaré au Washington PostStefano Di Battista, spécialiste de la climatologie en Antarctique.

Ce phénomène est d’autant plus remarquable que le mois de mars signe le début de l’automne en Antarctique – une saison peu ensoleillée. Chaque jour, le continent perd environ 25 minutes de lumière solaire. « À cette époque de l’année, le soleil n’est pas une source de chaleur directe au pôle Sud, nous explique Gerhard Krinner. Il ne peut donc pas être à l’origine d’une telle hausse des températures ». Cet effet est en réalité imputable à un phénomène d’advection d’air chaud. « Une masse d’air, essentiellement venue d’Australie, est passée au-dessus de l’eau, allant directement et extrêmement rapidement au cœur de l’Antarctique, ce qui a entraîné l’augmentation des températures », décrypte ce chercheur à l’Institut des Géosciences de l’Environnement. Un étroit couloir de vapeur d’eau dans le ciel a ainsi atteint la côte Est du continent mardi, entre les stations Dumont d’Urville et Casey, et a engendré une quantité importante de précipitations.

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