Il n’y a pas un, mais deux pays en cours de destruction. Le premier, l’Ukraine, subit les assauts de l’armée russe et ses villes sont transformées en champs de bataille. Mais la Russie, elle aussi, subit une forme de destruction, ou de régression mentale, économique, politique.
L’homme qui est au cœur de ces deux drames, de nature très différente, est Vladimir Poutine, qui a pris la responsabilité de déclencher cette guerre. Mercredi, il a prononcé un discours qui désigne un autre ennemi : celui de l’intérieur, en des termes particulièrement inquiétants.
Poutine était en visioconférence avec tous les gouverneurs de Russie, et il a employé des mots sortis d’un autre temps, celui du stalinisme, de la guerre froide, d’une époque que l’on pensait révolue. Il a fustigé la « cinquième colonne », c’est-à-dire l’ennemi de l’intérieur, les « nationaux-traîtres » prêts à « vendre leur mère patrie ». Des personnes qui, a-t-il dit, sont liées à l’Occident et pensent que c’est « un signe d’appartenance à une caste supérieure ».
Poutine veut souder la population derrière ce qu’il appelle pudiquement une « opération militaire spéciale » – le mot « guerre » est banni. Pour cela, il délégitime comme des « traîtres » ceux qui s’y opposent, ne laissant aucun espace de contestation.
Le plus inquiétant, c’est cette phrase : « Tout peuple, et en particulier le peuple russe, est capable de distinguer les vrais patriotes de la racaille et des traîtres, et de recracher ces derniers comme un moucheron qui aurait atterri dans leur bouche. Je suis convaincu que cette purification naturelle et nécessaire de la société ne fera que renforcer notre pays ».
La suite ici : L’inquiétant discours de Poutine sur la nécessaire « purification » de la Russie