Quel Volodymyr Zelensky faut-il croire ? Celui qui lance un appel à une aide militaire accrue au Congrès américain dans un discours dramatique en direct de sa capitale bombardée ? Ou celui qui estime qu’il y a eu des progrès dans les négociations russo-ukrainiennes sur une possible neutralité de l’Ukraine ?
Ou peut-être les deux, car la poursuite de la guerre et les progrès de la négociation sont les deux facettes de la même crise ; tout est finalement affaire de rapports de force, militaire, diplomatique, et autour de la table de négociations.
Il y a donc au moins un point qui a bougé depuis le début de l’invasion russe il y a trois semaines : le président Zelensky a admis publiquement que l’Ukraine ne serait pas membre de l’Otan ; ce que tout le monde savait avant le début du conflit, y compris Vladimir Poutine lui-même, mais qui n’avait pas été déclaré formellement.
Le mot de neutralité n’est plus tabou à Kiev, ce qui est une importante concession offerte à Poutine ; mais ça ne signifie pas pour autant que l’offensive russe va s’arrêter, loin de là.
C’est insuffisant parce que les buts de guerre ont changé : Poutine a d’abord soulevé la question de l’adhésion possible de l’Ukraine à l’Otan, mais dans son discours annonçant l’invasion le 24 février, il a carrément nié la légitimité de l’Ukraine elle-même, réclamé la « dénazification », ce qui signifiait l’élimination de ses dirigeants, et le désarmement du pays.
Avec l’échec de la phase initiale de son invasion, la Russie est revenue à ce que le Président ukrainien a qualifié hier de « position plus réaliste ». Le Ministre russe des affaires étrangères, Sergei Lavrov, a même évoqué un statut de l’Ukraine semblable à celui de la Suède ou de l’Autriche, c’est-à-dire neutre, sans alliance ni bases étrangères sur son sol, mais néanmoins doté d’une force armée.
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