On prête à Lenine cette phrase : il y a des décennies où rien ne se passe et des semaines où des décennies se produisent. Lénine avait certainement pensé à la loi de sortie du nucléaire belge en la lâchant. Pendant des décennies rien ne s’est passé, désormais on est dans des semaines ou des décennies se produisent. On arrive à un point de rupture ou la décision sur le mix énergétique empêchée en Belgique depuis 20 ans par un mélange d’idéologie, d’intérêts, de faiblesses politiques et institutionnelles ne peut plus être repoussée.
Car derrière le mix énergétique deux visions du monde s’opposaient, sans pouvoir se parler jusqu’ici. D’un côté la vision écologiste, qui considérait depuis les années 70 que le nucléaire bloquait toute possibilité d’une transition vers une autre société. Une société écologique, durable, pacifiste. Les partis verts au nord et au sud ont été les véhicules politiques de ce courant.
De l’autre une vision plus productiviste, qui considère depuis les années 70 que le nucléaire est la clef pour une croissance économique forte, une énergie pas trop chère, présentée comme sûre et stable. Jusqu’au milieu des années 2000 tous les autres partis politiques traditionnels étaient plus ou moins alignés là-dessus. Aujourd’hui c’est surtout le MR qui défend cette vision, la N-VA au nord. Les autres partis sont en retrait. Ils hésitent ou sont dans la nuance. Le PS par exemple, par la voix de Paul Magnette, semble opter de plus en plus vers l’abandon du nucléaire dans une vision eco-socialiste mais semble accepter sans trop de problèmes la prolongation.
Ces deux visions ont progressé en parallèle jusqu’ici. Désormais, la guerre semble avoir cassé les lignes droites, obligé à des bifurcations.
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