L’échec politique et stratégique de Vladimir Poutine

Fondamentalement, le président Poutine a oublié qu’il vivait en 2022, et que le monde dans lequel il pense vivre n’existe plus.

Primo, Vladimir Poutine a oublié que la Russie fait partie de l’ONU dont la charte, signée le 26 juin 1945, exige que ses membres « règlent leurs différends internationaux par des moyens pacifiques » et qu’ils ne peuvent dans leurs relations avec d’autres pays « recourir à la menace ou à l’emploi de la force, soit contre l’intégrité territoriale ou l’indépendance politique de tout Etat ». La Russie a même signé en 1994 le Mémorandum de Budapest, accordant à l’Ukraine des garanties pour son intégrité territoriale. Poutine a lui-même signé en 2009 un traité international confirmant cet engagement.

Après le déploiement de 150.000 soldats russes à la fin de 2021, le président Joe Biden a été critiqué par les Européens et les Ukrainiens, estimant exagérées ses annonces d’une invasion de l’Ukraine par la Russie. Poutine avait d’ailleurs répété à plusieurs reprises qu’il n’envahirait jamais l’Ukraine. Le 24 février 2022, les chars russes ont commencé leur invasion. Joe Biden avait donc eu raison. Et Vladimir Poutine a menti. L’ancien secrétaire général de l’Otan Willy Claes a estimé que « Poutine a perdu toute crédibilité aux yeux du monde ».

Cette perte de crédibilité internationale s’est concrétisée le 2 mars 2022 lors de l’adoption d’une résolution par l’Assemblée générale de l’ONU condamnant l’invasion de l’Ukraine par la Russie. Le vote a été clair : sur les 193 pays membres, 141 ont voté pour, 5 contre (Russie et quatre dictatures : Biélorussie, Corée du Nord, Erythrée et Syrie) et 47 pays se sont abstenus ou n’ont pas participé au vote.

Secundo, Vladimir Poutine a oublié de voir une double réalité économique. D’une part il n’a pas compris que la mondialisation a fait entrer la Russie depuis plusieurs années dans un système économique global et interdépendant dans lequel la puissance militaire ne joue plus un rôle prépondérant. Les actions militaires unilatérales y sont devenues entièrement contre-productives. D’autre part, la réalité de la faiblesse structurelle de l’économie russe (1,75 % du PIB mondial contre 18 % pour l’Union européenne, soit le même niveau que l’Espagne ou les pays du Benelux) semble avoir échappé à Vladimir Poutine qui, à la suite des sanctions internationales, va entraîner son pays dans une crise majeure, aboutissant à l’appauvrissement de sa population. Cette faiblesse économique aurait plutôt dû l’inciter à coopérer pacifiquement avec son entourage.

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