Chère ministre de l’Énergie, chère Madame Van der Straeten,
En tant que ministre de l’Énergie, vous vous trouvez à un carrefour important. Jusqu’à récemment, il semblait y avoir grosso modo deux voies à emprunter, deux plans à comparer : le Plan Gaz Fossile, avec une sortie complète du nucléaire et plusieurs centrales au gaz fossile subventionnées, et le Plan Uranium, avec une prolongation de la durée de vie de deux centrales nucléaires (et la possibilité de nouvelles centrales au gaz). Entre-temps, le monde a changé et un nouveau plan s’impose : un plan sans centrales nucléaires et sans nouvelles centrales au gaz. Après tout, c’est sans doute une question qui vous pèse également : en misant sur le gaz fossile ou l’énergie nucléaire, nous ne sommes absolument pas sur la voie de l’indépendance aux régimes autoritaires, des prix abordables et d’un climat soutenable.
Que vous choisissiez le Plan Gaz Fossile ou le Plan Uranium, vous nous maintenez sur une voie où nos dépenses énergétiques continuent de faciliter des régimes autoritaires. Même avec un moratoire sur les matières premières russes, aucun des deux plans ne vous éloigne d’un pas des deals obscurs sur le gaz et l’uranium conclus avec les régimes mortifères du Qatar, du Kazakhstan et de l’Azerbaïdjan, entre autres.
Que vous choisissiez le plan gaz fossile ou le plan uranium, vous obligerez les contribuables à mettre la main à la poche. Qu’il s’agisse d’accorder à Engie-Electrabel près d’un milliard d’euros de subventions pour la construction de nouvelles centrales au gaz, ou de convaincre l’entreprise énergétique française de maintenir deux réacteurs nucléaires ouverts plus longtemps qu’elle ne le juge opportun, vous sentirez à coup sûr qu’une telle politique est totalement injuste socialement, d’autant plus dans une période où la facture énergétique des ménages explose et que les géants de l’énergie enregistrent des surprofits massifs.
Que vous optiez pour le Plan Gaz Fossile ou le Plan Uranium, avec ou sans prolongation de la durée de vie du nucléaire : tant le gestionnaire de réseau Elia S.A. que vous-même avez indiqué précédemment que de nouvelles centrales au gaz fossile sont de toute façon nécessaires pour satisfaire la soif d’énergie de l’économie belge.
Toutefois, si vous choisissez de construire de nouvelles infrastructures fossiles à ce stade de la crise climatique, vous franchissez absolument une ligne rouge.
La suite ici : Oublier les centrales nucléaires et les nouvelles centrales au gaz grâce à une politique climatique résolue