Nous voilà donc en très peu de temps à nouveau dans une situation de nécessité, une nouvelle fois obligé par l’événement, une nouvelle fois dans une situation où ce qui nous semblait impossible, compliqué ou dangereux doit être fait. Une deuxième fois en État d’exception.
Pour le covid, stopper l’économie, confiner les gens chez eux, suspendre certains droits fondamentaux était inimaginable. En quelques jours, l’inimaginable est devenu imaginable, puis réel. Comme pour le Covid, cette crise force des gouvernants perçus (surtout en Belgique) comme attentistes, prudents, consensuels à trancher, à décider sous la lumière crue de l’incertitude. Comme pour le Covid, les demi-mesures semblent dérisoires face à l’événement. Le risque de ne pas faire assez semble peser plus lourd pour notre avenir que le risque d’en faire trop. Nous voilà dans une situation que le président Emmanuel Macron avait résumée avec la formule devenue célèbre “quoi qu’il en coûte”. Formule exagérée sans doute, mais résumant l’État d’esprit de nombreux dirigeants européens de l’époque. Ce « quoi qu’il en coûte » a été décrété au nom de valeurs (la vie, la santé), mais aussi au nom des intérêts (le risque d’effondrement économique et social en cas de pandémie non maîtrisée).
Cette double dynamique intérêts-valeurs se retrouve dans la crise ukrainienne. Le premier « quoi qu’il en coûte » concerne les réfugiés. Le secrétaire d’État à l’Asile, Sammy Mahdi (CD&V), se rend compte désormais que la situation en Belgique va être majeure. Il veut déclencher la phase fédérale de gestion de crise et mettre en place des “villages d’urgences” pour les réfugiés ukrainiens.
Le bourgmestre d’Anvers, Bart De Wever, avait lui-même tiré la sonnette d’alarme en demandant une cellule de crise pour mettre en place de manière massive des abris temporaires. De nombreuses villes demandent aussi aux privés d’ouvrir leur habitation. Il faudra un effort sans précédent pour ces réfugiés, et sans doute sur la longueur, avec la scolarisation des enfants, et la socialisation des familles.
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