Et Poutine brandit sa bombe…

Le constat a fait long feu : l’Organisation du traité de l’Atlantique nord (OTAN), loin de la « mort cérébrale » annoncée en 2019 par Emmanuel Macron, a ressuscité ces dernières semaines. Longtemps sans vocation, un temps « sans frontière » au point de s’être perdue en Afghanistan, voilà l’Alliance atlantique de nouveau dotée d’un ennemi en bonne et due forme, qui ressemble à l’ancien : c’est la mobilisation tout au long des frontières de la Russie, la mise en alerte des arsenaux nucléaires, des escadrilles de bombardement aériennes, des flottes de guerre, alors que se multiplient les annonces d’aide militaire à l’Ukraine et aux pays d’Europe de l’Est, les mesures de rétorsion tous azimuts, un écheveau de sanctions d’une ampleur inédite, et bientôt un nouveau gonflement des budgets militaires de nombreux pays …

Le premier choc, après l’étape de la reconnaissance par Moscou, le 21 février, des deux républiques de l’Est, avait été l’avertissement accompagnant l’annonce d’une « opération militaire spéciale » en Ukraine, le 24 février : « Quiconque entend se mettre sur notre chemin ou menacer notre pays et notre peuple doit savoir que la réponse russe sera immédiate et aura des conséquences jamais vues dans son histoire », avait martelé Vladimir Poutine, alors que les premiers bombardements frappaient les installations militaires ukrainiennes, et que les chars commençaient à envahir le pays, rappelant les images des troupes soviétiques du pacte de Varsovie réprimant les insurrections populaires à Budapest, en Hongrie, et Prague en Tchécoslovaquie.

Affirmant ne pas vouloir occuper l’Ukraine, mais seulement la « dénazifier », empêcher le « génocide » des pro-Russes, et la « démilitariser », le numéro un russe n’en avait pas moins appelé également l’armée ukrainienne à renverser son président — des tentatives de diabolisation de l’adversaire vite oubliées, au fur et à mesure que progressaient l’invasion à grande échelle du pays… et quelques déconvenues.

Mais c’est une autre petite phrase de M. Poutine qui allait accélérer la prise de conscience internationale, ainsi que les initiatives européennes et otaniennes : le dimanche 27 février, il déclare avoir ordonné de « mettre les forces de dissuasion de l’armée russe en régime spécial d’alerte au combat ». De quoi mettre en ébullition les plateaux des chaînes d’information, où les habituels experts font part aussitôt de leur sidération : « … Il joue avec le feu… brise un tabou… risque maximum… montée aux extrêmes… changement de paradigme… redistribution des cartes… ». Et de provoquer l’ire des hiérarques occidentaux : « Rhétorique dangereuse… irresponsable… inacceptable… fabriquer des menaces qui n’existent pas… ».

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