Le complotisme est un phénomène particulièrement difficile à analyser. D’un côté, il correspond à une réalité tangible de nos sociétés. Nos données montrent en effet que 20 % des Français adhèrent à quasiment toutes les théories complotistes qu’on leur présente et 30 % de nos compatriotes adhèrent à quelques thèses conspirationnistes dans certaines circonstances particulières.
D’un autre côté, la présentation habituellement faite du complotisme se focalise la plupart du temps sur quelques individus radicalisés, proches de rentrer dans une dérive sectaire et n’étant bien évidemment pas représentatifs des 50 % de Français doutant parfois ou systématiquement des faits présentés par les autorités politiques ou par les médias.
Le complotisme doit ainsi s’analyser comme étant une nouvelle vision du monde selon laquelle un petit groupe d’individus agiraient dans l’ombre et seraient à l’origine des grands évènements et des crises majeures : tout ce qui se produit dans une société résulterait donc de l’action cachés d’individus « à qui le crime profite ». Dès lors, le complotisme prend immédiatement une connotation politique majeure. Les différentes « élites », économiques, médiatiques et politiques sont les premières incriminées.
En ce sens, le complotisme est une prolongation du phénomène populiste. Avec le populisme, une grande partie de la population considérait que les élites n’étaient plus légitimes pour les représenter politiquement. Avec le complotisme c’est un stade supplémentaire qui est franchi : les élites ne sont, non pas seulement illégitimes pour les représenter, elles le sont également pour les informer.
La suite ici : « Le complotisme n’est pas un virus que l’on attrape en ligne »