Qu’il y a une dichotomie entre le discours affiché par Facebook et d’autres diffuseurs et la réalité. Ils affirment faire la distinction entre la nudité en général – qu’ils ne permettent pas sur leurs plateformes – et la nudité dans l’art. Le problème est qu’ils confient cette distinction à des algorithmes qui ne font pas la différence entre ces deux types de nudité. On en vient à des situations absurdes et grotesques. Ainsi, le splendide tableau d’Eugène Delacroix La Liberté guidant le peuple fut interdit de réseaux sociaux simplement parce que l’on y voit un sein. Idem pour L’Origine du monde de Gustave Courbet, ou La Descente de Croix de Pierre Paul Rubens. Cela a de graves conséquences pour les musées, qui ne peuvent plus annoncer certaines de leurs expositions, et pour la promotion générale de l’art sur ces médias incontournables. Le problème est aussi que ces diffuseurs réagissent très lentement, parfois des années après, et reviennent rarement sur de tels blocages.
Mais sont-ils vraiment récurrents ?
Oui. De telles censures sont innombrables et touchent même des œuvres qui ont 4 000 ans, comme la Vénus de Willendorf. On assiste également à des situations ubuesques. L’an dernier, l’office du tourisme de Vienne a été censuré car il présentait dans des campagnes de communication des toiles de Modigliani jugées trop suggestives. Il n’a trouvé d’autres solutions pour réagir que d’ouvrir momentanément un compte sur un site pornographique. C’était une provocation, bien sûr, mais il voulait montrer que ces algorithmes confondent ce qui relève ou non de la démarche artistique et ce qui relève de l’érotisme et de la pornographie.
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