Chassé-croisé: la France et ses partenaires européens quittent le Malitandis que les mercenaires russes du Groupe Wagner s’y installent. Mais pour quoi faire? L’accueil de ces mercenaires par la junte militaire au pouvoir à Bamako a été l’un des principaux sujets de contentieux avec Paris.
Lundi 14 février, quelques jours avant d’annoncer le retrait officiel de la France, le ministre des Affaires étrangères, Jean-Yves Le Drian, a déclaré que les hommes de Wagner seraient désormais un millier au Mali, «payés comme de bons mercenaires», malgré les difficultés financières du pays. Le 23 décembre, après trois mois de rumeurs, la France, le Canada et les pays européens avaient fermement condamné l’arrivée du groupe au Mali.
L’objectif réel de la présence du groupe de mercenaires –désormaisconfirmée par Vladimir Poutine lui-même– et l’existence d’une stratégie russe cachée qui y serait liée sont au cœur du débat. Pour nombre d’observateurs, cette arrivée de Wagner, après un déploiement en République centrafricaine et une intervention piteuse au Mozambique, serait le signe que le Kremlin tente de mettre le pied en Afrique et d’en bouter les Occidentaux, à commencer par la France. Sauf que la Russie nie toute implication. Et si elle reconnaît désormais que Wagner est un groupe privé sans lien avec le gouvernement, son existence même, illégale selon la loi russe, à longtemps été niée contre l’évidence.
Les liens entre les mercenaires et le Kremlin sont indéniables. Même s’il dément, le groupe est la propriété d’Evgueni Prigojine, un oligarque russe qui s’est taillé un chemin jusqu’au sommet du pouvoir grâce notamment à de grands contrats de restauration avec l’armée russe. Il est également soupçonné d’avoir fondé la fameuse Internet Research Agency, la ferme à trolls qui a joué un rôle crucial dans l’ingérence russe dans l’élection présidentielle américaine de 2016, selon les renseignements américains. Enfin, il est à la tête d’un vaste empire médiatique qui joue là encore un rôle fondamental dans la guerre informationnelle russe en Afrique.
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