Même si, comme il l’a indiqué ces derniers jours, Vladimir Poutine décide de ne pas envahir l’Ukraine, cela ne veut pas forcément dire qu’il mettra un terme à la crise de manière pacifique ou diplomatique. Le président russe garde un atout dans sa manche; une entreprise à la fois inopinée et violente qui mettrait fin à l’impasse à son avantage.
Mardi 15 février, la Douma, le parlement russe, a voté une résolutionautorisant Poutine à reconnaître l’indépendance des républiques populaires autoproclamées de Donetsk et de Louhansk –les deux provinces de la région du Donbass, dans le sud-est de l’Ukraine, occupées par des séparatistes prorusses armés. Cela lui permettrait d’envoyer des milliers de soldats, de chars et d’autres armes dans ces territoires, à la «demande» de leurs dirigeants, afin d’en défendre les peuples des assauts de l’Ukraine.
Ainsi, Poutine pourrait maintenir la pression militaire sur le gouvernement ukrainien sans prendre tous les risques d’une invasion totale. Cela lui permettrait également d’entraver encore davantage les perspectives déjà bien compromises d’adhésion de l’Ukraine à l’OTAN –l’objectif principal du président russe– puisqu’entre autres qualités requises pour rejoindre les rangs de l’alliance dirigée par les États-Unis, un État doit avoir des frontières stables.
Cette résolution n’oblige pas Poutine à reconnaître les républiques séparatistes, et toutes choses égales par ailleurs, il aimerait autant ne pas le faire. Ces derniers mois, il a empêché des factions ultranationalistes à la Douma de proposer une résolution du même type parce qu’il préférerait que le Donbass reste dans l’Ukraine, afin que les séparatistes puissent continuer à déstabiliser le gouvernement national de Kiev. Depuis 2014, plus de 14.000 personnes ont été tuées pendant la guerre qui fait rage entre les séparatistes et l’armée ukrainienne.
En outre, les Accords de Minsk, un cessez-le-feu signé en 2015, sont censés donner aux provinces séparatistes une voix politique et, selon l’interprétation de Moscou, un droit de veto en matière de politique étrangère, y compris sur une hypothétique demande d’adhésion à l’OTAN(Kiev n’est pas d’accord avec cette interprétation du traité, ce qui est une des raisons pour lesquelles il n’est jamais entré en vigueur).
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