In memoriam la journée des huit heures ?

Il y a deux manières de mesurer la nature d’un compromis à la belge. Soit tout le monde est satisfait parce que tout le monde a gagné, soit tout le monde est fâché parce que tout le monde a perdu.Bertrand henné

Mais ce sont les faces d’une même pièce. Au sein du gouvernement, côté face, les acteurs saluent tous, de gauche à droite, un compromis et défendent leurs avancées. Au sein des partenaires sociaux, c’est le côté pile, syndicats et patrons saluent le compromis à leur manière en disant qu’il est très mauvais et soulignant les renoncements. Pas de doute, on est donc bien dans un compromis. Mais attention, car tout ça n’est qu’apparence. Certains ont sans doute plus de raisons d’être satisfaits ou insatisfaits que d’autres. Tout l’enjeu étant d’essayer de percevoir sous ce déluge de communication, qui est vraiment gagnant ou perdant dans cette affaire. Et c’est loin d’être simple.

C’est sans doute l’aile syndicale et le PS (qui est historiquement son plus puissant relais) qui sont aujourd’hui les plus grands perdants. Il y a le symbole de l’abandon de la journée des huit heures. In memoriam la grande conquête de la gauche. « La maison des Huit heures » à Charleroi (et ses célèbres scotchs) peut changer de nom. C’est l’abandon aussi de l’idée socialiste de la semaine de 4 jours comme réduction du temps de travail. Ce sera la semaine libérale 4 jours de travail sans réduction et directement négociée entre salariés et employeurs.

Autre symbole puissant, l’e-commerce dont le président du PS avait (en boutade semble-t-il aujourd’hui) rêvé la disparition, se voit renforcé. Les employeurs pourront tester des nouvelles organisations du travail jusqu’à minuit. C’est leur rêve qui triomphe puisqu’ils pourront le faire sans l’aval des syndicats durant une longue période de test de 18 mois.

La suite ici : In memoriam la journée des huit heures ?