En termes de sanctions à son encontre, la Russie est tout particulièrement vulnérable dans le domaine technologique. Cette dépendance remonte à loin, à l’époque soviétique en fait car – si l’URSS exportait en nombre plus de machines et de machines-outils qu’elle en importait – la valeur de ces importations dépassait de 7 voire parfois de 10 fois la valeur de ses exportations en machines. Ce schéma se perpétue de nos jours car le pays ne peut manufacturer de machineries sophistiquées, en partie pour avoir laissé tomber en déliquescence ce qui restait de capacités industrielles héritées de l’époque communiste.
La hausse des prix pétroliers – du moins durant les deux premiers mandats de Putin – a achevé de condamner ce savoir-faire car la Russie a privilégié et de très loin l’investissement dans la production d’énergie, non sans faire massivement appel pour y parvenir à des achats pharaoniques de technologie étrangère. Les entreprises russes du secteur importent en effet plus de la moitié de leurs équipements à cet effet, et même 90% de leurs besoins dès lors qu’il s’agit de technologie offshore et de fracking. La défense russe elle-même importe toujours près de 30% de son électronique de pointe.
Si l’industrie nationale produit, par exemple, plus de 80% de ses besoins en termes de construction, de cimenteries et de grues, elle doit en revanche importer 100% de ses machines à laser et aux ultrasons. Bref, la politique déterminée visant à progressivement substituer les importations par la production nationale grâce aux investissements s’est révélée à ce jour un échec. Tout le monde a en mémoire cette visite en 2018 du Président Putin à une usine de machines-outils ayant pour but d’illustrer la réussite de ces programmes de relance industrielle et technologique…jusqu’à ce que des experts s’aperçoivent que Putin posait en réalité (probablement sans le savoir) près d’une machine «Made in Italy» repeinte et vendue au double du prix comme étant fabriquée en Russie.
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