Depuis des mois, la concurrence qui oppose entre elles les candidatures françaises issues de la gauche et de l’écologie politique est une source inépuisable de sarcasmes. Leur défaite aux élections présidentielles serait assurée par leur incapacité à s’unir. Les principaux candidats obnubilés par leur ego n’envisageraient l’unité que sous la forme d’un ralliement. SI elle avait réussi à surmonter ses divisions, la gauche aurait pu envisager d’accéder au second tour. Enfin, c’est ce qu’on entend.
Sérieusement, personne ne peut croire à cette fable. Sauf, à la rigueur, du côté de Jean-Luc Mélenchon qui se souvient que la dernière fois, il s’était retrouvé à deux doigts de la qualification au terme d’un dernier sprint inespéré.
Mais, depuis lors, les conditions pour une victoire électorale de la gauche se sont beaucoup détériorées.Il manque deux préconditions absolument nécessaires pour mettre en branle une dynamique unitaire : une convergence des mouvements sociaux et la conquête d’une hégémonie culturelle autour des thématiques où les forces de gauche sont à l’aise : justice sociale, urgence climatique, antiracisme et féminisme. Faute de quoi la belle idée de la Primaire populaire, qui visait à faire émerger une candidature unique de la gauche et de l’écologie, ne pouvait qu’échouer.
Or, on en est loin. Le plus puissant des mouvements sociaux des dernières années, à savoir celui des Gilets jaunes, n’aura finalement roulé pour personne en particulier. Mouvement principalement issu des « territoires », comme on dit en France, faisant la part belle aux classes moyennes déclassées, charriant le meilleur et le pire, toutes les forces d’opposition ont pu y trouver du grain à moudre. Les ambiguïtés sociales et les confusions idéologiques qui l’ont marqué dès le départ se retrouvent dans les protestations actuelles contre la politique sanitaire. Pas plus que l’abstention massive, ces protestations ne se laissent inscrire dans le clivage classique gauche-droite.