Paul Rabhi Magnette

Une déclaration politique, il faut toujours d’abord la passer dans un premier tamis, le tamis de Machiavel. L’idée est, au-delà du fond, des enjeux, de la sincérité du politique, de se demander quel est l’intérêt pour un politique de dire quelque chose. C’est donc se demander, même si on trouve la déclaration stupide, si, rationnellement, la phrase sur l’e-commerce va permettre au PS d’améliorer ses positions, de convaincre des électeurs de choisir le projet de société socialiste ? Et là, dans cette analyse froide et rationnelle, il est bien difficile de voir comment Paul Magnette, en devenant un Paul Rabhi Magnette peut espérer gagner quoi que ce soit.

D’abord, sa déclaration le met en porte à faux avec les politiques effectivement menées par son parti, en particulier les décisions prises pour permettre au géant Alibaba de s’installer à Liège, à Google d’investir dans le Hainaut, ou à Bpost de se recentrer sur la distribution de colis. Rien dans les politiques menées ne prend la direction d’un monde sans e-commerce, ou même avec moins d’e-commerce.

Mais on peut faire l’hypothèse que la cohérence n’était pas son premier souci. Gardons bien notre tamis de Machiavel. Si l’hypothèse est qu’il a cherché à provoquer, à exagérer, à donner un coup de pied pour forcer la porte d’un débat médiatique, il y est parfaitement parvenu. Mais il faut que ce débat médiatique qui s’engage, lui soit favorable.

Mais si, vendredi, le gouvernement acte plus de flexibilité des travailleurs dans le secteur de l’e-commerce, on mesurera combien les petits colibris socialistes dans le gouvernement sont éloignés du très haut perché Paul Rabhi Magnette.

Mais peut-être le président du PS cherchait-il à se positionner encore à plus long terme. Paul Magnette compte beaucoup sur l’écosocialisme, ce nouvel horizon qu’il veut donner à son parti. Il a un livre dans les tiroirs. Peut-être a-t-il un coup d’avance ? Là encore, tamis de Machiavel.

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