Désigner un ennemi intérieur permet à un dirigeant contesté d’assimiler ses rivaux politiques à des factieux, des émeutiers, des agents de l’étranger. Mais il lui est aussi utile de désigner un ennemi extérieur et de prétendre réagir à ses menaces : en se posant en garant des intérêts supérieurs de la nation, il gagne en majesté. Selon les Occidentaux, une telle clé d’interprétation expliquerait à la fois que M. Vladimir Poutine ait durci la répression de ses opposants et qu’il ait dans le dossier ukrainien réclamé aux États-Unis des garanties de sécurité dont il savait qu’elles ne seraient pas satisfaites
Toutefois, s’il faut chercher un président ayant intérêt à une épreuve de force militaire pour endiguer son impopularité, M. Joseph Biden est au moins aussi indiqué que son homologue russe…
La presse américaine, dont les analyses sont aussitôt reprises par les médias français, nous explique qu’« une Ukraine démocratique représenterait un danger stratégique pour l’État répressif construit par M. Poutine. Elle pourrait encourager les forces favorables à la démocratie en Russie (1) ». Qui peut croire pourtant que le vent de liberté soufflant d’un pays aussi pauvre et corrompu que l’Ukraine, dont les deux principaux dirigeants de l’opposition font l’objet de poursuites judiciaires, ait terrorisé le Kremlin ? Et ce n’est pas non plus l’attachement de Kiev aux libertés publiques qui lui a valu l’appui militaire de la Turquie.
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