Comme on pouvait s’y attendre, les dirigeants européens se sont sentis lésés par le fait que la Russie et les États-Unis débattent de leur sort en leur absence. Ils n’ont pas caché d’ailleurs leur consternation à ce propos. Les faits, cependant, restent ce qu’ils sont : un seul Européen est assis à la table et il s’appelle Vladimir Poutine.
Malgré tous ses défauts, le président russe connaît bien l’histoire, et sait tirer parti des changements de circonstances. Pour lui, l’époque de Yalta est encore bien présente.
La manœuvre du Kremlin visant à réorganiser l’architecture de sécurité de l’Europe arrive à point nommé pour la Russie. À l’inverse, le timing est très mauvais pour l’Ukraine et l’Est de l’Europe. Défiés par la Chine dans le Pacifique, les États-Unis sont moins investis dans la sécurité européenne que jamais depuis 1945. Washington tient toujours à ses obligations envers l’OTAN. Mais elle sait aussi que Pékin n’a pas de vœu plus cher que de voir son rival se précipiter dans un conflit aux frontières orientales de l’Europe. C’est précisément cette opportunité que Poutine a perçue – et le risque que les Européens ont choisi d’ignorer.
Le pari du Kremlin sur l’histoire est simple. Si les États-Unis sont contraints de choisir entre leurs intérêts stratégiques en Europe et dans le Pacifique, ils privilégieront les second et laisseront à la Russie la marge de manœuvre qu’elle recherche dans son « étranger proche ». Malgré le flot d’assurances contraires<a style="box-sizing:inherit;font-size:0.5rem;font-family:NationalWeb, 'Helvetica Neue', sans-serif;font-weight:400;border-top-left-radius:9999px;border-top-right-radius:9999px;border-bottom-right-radius:9999px;border-bottom-left-radius:9999px;display:inline-block;margin-left:0.2rem;font-feature-settings:tnum;font-variant-numeric:tabular-nums;content:counter(list-counter);width:0.8rem;height:0.8rem;line-height:0.7rem;text-align:center;top:-0.15rem;background-image:linear-gradient(to top,transparent,transparent 1px,var(–color-red) 1px,var(–color-red) 2px,transparent 2px);color:inherit;position:relative;text-decoration:none;text-shadow:#ffffff -1px -1px 0px, #ffffff 1px -1px 0px, #ffffff -1px 1px 0px, #ffffff 1px 1px 0;background-position:0 0 !important;border:1px solid var(–color-red);" title="https://www.whitehouse.gov/briefing-room/statements-releases/2022/01/10/fact-sheet-u-s-diplomatic-engagement-with-european-allies-and-partners-ahead-of-talks-with-russia/ » href= »https://legrandcontinent.eu/fr/2022/01/21/le-pari-de-poutine-sur-lhistoire/#easy-footnote-bottom-3-128708″>3 données par les États-Unis aux capitales européennes, le pari de Poutine pourrait bien s’avérer payant à terme. Il n’y a pas si longtemps, les présidents américains auraient dénoncé le bluff de Poutine. Aujourd’hui, Biden a déclaré qu’il souhaitait un « compromis » avec la Russie et a accepté de mener des discussions bilatérales.
On parle beaucoup de la liste des exigences de la Russie dans ces pourparlers, dont certaines risquent de s’avérer irréalisables. Au cœur de ces exigences se trouve la nécessité pour Moscou de maintenir l’OTAN, et dans une moindre mesure l’Union, en dehors de ce que la Russie considère comme sa sphère d’influence dans l’ancien espace soviétique, en particulier en Ukraine. Pour l’instant, l’heure est au pessimisme, alors que des pourparlers difficiles sont à venir, comme l’atteste le résultat du premier cycle diplomatique de la semaine dernière.
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