Soyons clairs : la dispersion des candidatures à gauche et l’effet de découragement produit sur les électeurs contribuent aussi à expliquer cette situation. Cette explication est toutefois insuffisante. Si l’on additionne l’ensemble des candidats de gauche (socialistes, écologistes, insoumis, communistes, etc.), on arrive péniblement d’après la dernière enquête réalisée par Le Monde en décembre auprès de 10928 personnes à 27% des intentions de vote au 1er tour de l’élection présidentielle prévu le 10 avril 2022, contre 29% en totalisant les deux candidats d’extrême droite (Zemmour et Le Pen), 17% pour la candidate de droite (Pécresse) et 24% pour le président sortant (qui pour simplifier peut être placé au centre-droit, et est d’ailleurs de plus en plus perçu comme tel par les électeurs).
Nulle part chez nos voisins observe-t-on une telle faiblesse de la gauche. Les partis sociaux-démocrates, socialistes, travaillistes ou démocrates sont au pouvoir en Allemagne et en Espagne ou en situation d’y revenir lors des prochaines élections au Royaume-Uni et en Italie.
Il faut certes prendre en compte que le Parti socialiste a été au pouvoir en France pendant vingt ans au cours des quarante dernières années, ce qui a pu nourrir une lassitude particulière. Par comparaison, les sociaux-démocrates ont été au pouvoir seulement 7 ans en Allemagne (1998-2005) et les travaillistes 13 ans au Royaume-Uni (1997-2010). Il n’y a qu’en Espagne que les socialistes ont été davantage au pouvoir, ce qui a d’ailleurs fini par alimenter une scission au sein de la gauche, avec l’émergence de Podemos, que les deux partis ont eu bien du mal à surmonter, pour finalement gouverner ensemble. En France, il aurait sans doute fallu que le centre-gauche reconnaisse ses erreurs au pouvoir et se tourne davantage vers les Insoumis après la débâcle de 2017. Cela n’aurait peut-être pas suffi, mais il est toujours temps d’essayer.
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