Le président kazakh Kassim-Jomart Tokaïev a choisi la manière forte pour venir à bout de la révolte populaire déclenchée le 2 janvier par la hausse du prix du gaz au Kazakhstan. L’intervention militaire de la Russie et le rôle occulte de l’ancien chef de l’État Noursoultan Nazarbaïev confirment l’opacité et la violence du régime.
« Tirer pour tuer sans avertissement« , c’est la consigne donnée aux forces de l’ordre par le président en exercice Tokaïev, coupant court aux appels au dialogue lancés par une partie de la communauté internationale. La police est autorisée à ouvrir le feu pour éliminer les manifestants qualifiés de « bandits armés« . Des troupes russes sont arrivées sur place jeudi matin dans le cadre de l’OTSC – Organisation du Traité de Sécurité Collective – une structure régionale créée au lendemain du démantèlement de l’Union soviétique, destinée à garantir la défense de la douzaine d’États signataires.
L’intervention armée de la Russie est chaleureusement saluée par le chef de l’État kazakh, qui remercie personnellement Vladimir Poutine d’avoir répondu « très rapidement et surtout de manière amicale » à son appel. Un assaut de politesse surréaliste, au moment où les morts se comptent par dizaines. Le directeur de recherche à l’IRIS Jean de Gliniasty n’est pas surpris de cette intervention militaire de la Russie. « Jusqu’à présent, les Russes avaient refusé l’intervention de l’OTSC dans les crises en Asie centrale, mais là, l’enjeu est tellement important pour eux qu’ils ont répondu à la demande des autorités du Kazakhstan« , explique l’ancien ambassadeur de France en Russie : le Kazakhstan représente plus de la moitié du PIB de l’ensemble des États d’Asie centrale. C’est un pays qui conserve une forte minorité russe – aux environs de 20 % – et c’est le pays où les positions commerciales de la Russie sont les plus fortes dans la région. Ils sont le premier ou le deuxième partenaire du Kazakhstan avec la Chine, c’est un pays où ils ont une énorme base de lancement qui s’appelle Baïkonour d’où ils envoient leurs satellites et dont la surface est l’équivalent de plusieurs départements français, et c’est un pays riche.
Pour la Russie, il est donc hors de question de laisser le Kazakhstan sombrer dans le chaos.
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