Le score de l’élection présidentielle de 2020 était peut-être la pire nouvelle pour l’état de la démocratie américaine. D’une manière générale, les divisions se sont renforcées autour des thématiques qui constituent les grandes lignes de fracture entre démocrates et républicains. Depuis le début de l’année 2021, les révélations et les documents mettant en évidence le rôle de Donald Trump et de son entourage dans la contestation des résultats de l’élection par des stratagèmes douteux ne cessent d’être mis au jour. Malgré son implication possible dans les événements du 6 Janvier, aucun élément ne permet d’imaginer quelqu’un d’autre que Trump à la tête du Parti républicain.
Les élections de novembre 2020 ont largement constitué une victoire en demi-teinte pour Joe Biden. Si celui-ci a gagné avec un score de 306 contre 232 grands électeurs pour Donald Trump au Collège Électoral (constitué par les grands électeurs eux-mêmes investis par le vote des citoyens dans chaque État), la différence au vote populaire n’était que de 4,4 % (soit 7 millions de voix), pour un nombre égal d’États gagné par chaque candidat. Ainsi, comme souvent aux États-Unis, la répartition géographique et démographique a joué un rôle décisif dans l’élection de Joe Biden : c’est l’une des raisons qui a consacré l’utilisation de l’expression de « deux Amériques » qui ne communiquent plus – elle n’est pas en soi une nouveauté mais a été exacerbée par l’épisode électorale de 2020. Le score de cette élection présidentielle était peut-être la pire nouvelle pour l’état de la démocratie américaine.
En 2016, le scénario inverse s’était produit. En remportant 10 États de plus qu’Hillary Clinton (30 États pour Donald Trump, 20 pour Clinton), Trump avait néanmoins perdu au vote populaire de presque 3 millions de voix (soit plus de 2 % des électeurs). Après l’annonce de sa défaite le 8 novembre 2016, la candidate démocrate Hillary Clinton appelait Donald Trump le soir même pour le féliciter, avant de reconnaître publiquement sa défaite le lendemain dans un discours au cours duquel elle proposait, comme le veut la coutume, « de travailler avec lui au nom de notre pays »<a style="box-sizing:inherit;font-size:0.5rem;font-family:NationalWeb, 'Helvetica Neue', sans-serif;font-weight:400;border-top-left-radius:9999px;border-top-right-radius:9999px;border-bottom-right-radius:9999px;border-bottom-left-radius:9999px;display:inline-block;margin-left:0.2rem;font-feature-settings:tnum;font-variant-numeric:tabular-nums;content:counter(list-counter);width:0.8rem;height:0.8rem;line-height:0.7rem;text-align:center;top:-0.15rem;background-image:linear-gradient(to top,transparent,transparent 1px,var(–color-red) 1px,var(–color-red) 2px,transparent 2px);color:inherit;position:relative;text-decoration:none;text-shadow:#ffffff -1px -1px 0px, #ffffff 1px -1px 0px, #ffffff -1px 1px 0px, #ffffff 1px 1px 0;background-position:0 0 !important;border:1px solid var(–color-red);" title="Amy B. Wang, « Hillary Clinton concedes to Trump : ‘We owe him an open mind and the chance to lead’ », The Washington Post, 9 novembre 2020. » href= »https://legrandcontinent.eu/fr/2022/01/06/spectres-de-trump/#easy-footnote-bottom-1-127715″>1.
En 2020, il s’est écoulé presque deux mois entre la défaite effective de Donald Trump – dont les résultats dans chaque État ont été officiellement certifiés le 9 décembre – et la reconnaissance par ce dernier de la victoire de Joe Biden – tout en la contestant – le 7 janvier, le lendemain de l’assaut du Capitole<a style="box-sizing:inherit;font-size:0.5rem;font-family:NationalWeb, 'Helvetica Neue', sans-serif;font-weight:400;border-top-left-radius:9999px;border-top-right-radius:9999px;border-bottom-right-radius:9999px;border-bottom-left-radius:9999px;display:inline-block;margin-left:0.2rem;font-feature-settings:tnum;font-variant-numeric:tabular-nums;content:counter(list-counter);width:0.8rem;height:0.8rem;line-height:0.7rem;text-align:center;top:-0.15rem;background-image:linear-gradient(to top,transparent,transparent 1px,var(–color-red) 1px,var(–color-red) 2px,transparent 2px);color:inherit;position:relative;text-decoration:none;text-shadow:#ffffff -1px -1px 0px, #ffffff 1px -1px 0px, #ffffff -1px 1px 0px, #ffffff 1px 1px 0;background-position:0 0 !important;border:1px solid var(–color-red);" title="Rachel Sandler, « Trump Finally—Two Months After Election Loss—Concedes Defeat », Forbes, 7 janvier 2021. » href= »https://legrandcontinent.eu/fr/2022/01/06/spectres-de-trump/#easy-footnote-bottom-2-127715″>2. Si la différence majeure entre ces deux scénarios tient au fait qu’Hillary Clinton était candidate en 2016 tandis que Donald Trump était le Président en exercice lors de sa défaite de novembre 2020, plusieurs éléments sont à prendre en compte pour comprendre cette progressive descente aux enfers de la démocratie américaine.
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