Un an après sa défaite électorale et la fin de son mandat, il est difficile de sous-estimer les conséquences de la présidence Trump, des élections 2020 et de la contestation qui a suivi et mené au 6 janvier : l’assaut du Capitole, loin de clore le trumpisme, a ouvert une nouvelle phase pour la vie politique américaine.
La défaite de 2020 et les trois mois qui ont suivi ont ancré le pouvoir de Trump sur les électeurs républicains et l’emprise du trumpisme sur le parti. Les deux « Big Lies« , le premier sur le fait que la victoire de Biden aurait été volée à Trump en raison de fraudes électorales, le second qui est une réécriture de l’assaut du 6 janvier sur le Congrès comme « manifestation pacifique de patriotes américains« , sont désormais adoubés par la quasi-totalité des élus du parti, au Congrès et dans les États, et par l’ensemble de la sphère médiatique républicaine, de Fox News aux innombrables sites et forums de l’alt-right, terme qui définit à présent l’ensemble de la droite américaine. Fox News avait connu quelques jours de flottement ; mais face à sa perte d’audience brutale (face à OANN et Newsmax notamment, deux chaînes à la gloire de Trump), la chaîne a rejoint le mouvement. Au sein du parti républicain, les dissidents ont été purgés des instances dirigeantes au Congrès comme dans les États ; nombre de ces élus ont déjà annoncé ne pas se représenter.
Trump a perdu mais a consolidé et élargi sa base électorale, confirmant si ce n’est son avenir politique, du moins la solidité du trumpisme : 74 millions de personnes ont voté pour lui en 2020, 11 millions de plus qu’en 2016. Biden l’a remporté avec un écart de 7 millions de voix supplémentaires, et 306 contre 232 grands électeurs au Collège Électoral, mais la victoire s’est jouée, comme en 2016, sur quelques dizaines milliers de voix dans quelques États-clés – on se souvient des 11 780 votes « recherchés » par Trump en Géorgie.
L’emprise de Trump s’est accrue dans les zones rurales (de 59 % en 2016 à 65 % des votes en 2020) et chez les électeurs non diplômés ; son socle électoral s’est aussi élargi entre 2016 et 2020, en particulier grâce au vote hispanique, bien qu’il reste largement dominé par les électeurs blancs (88 % du total en 2016, 85 % en 2020). Les analyses du sondeur démocrate David Shor pointent l’importance de cette « polarisation par l’éducation » illustrée par l’évolution de la base électorale de Trump, le niveau d’études devenant l’un des déterminants les plus prédictifs du vote, une évolution préoccupante pour les démocrates. C’est ce score électoral, ainsi que les résultats bien meilleurs qu’attendus des républicains au Congrès, qui scellent le fait que le destin du GOP reste lié à celui de Trump.
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