Combien de temps encore devra-t-on accepter de se faire amputer injustement de futurs médecins?

Nous sommes médecins généralistes en Belgique francophone et nous sommes extrêmement inquiets. Nous avons pris connaissance du projet de loi du 16 novembre 2021 « portant des dispositions diverses urgentes en matière de santé ». Ce projet de loi a été débattu et approuvé en première lecture en commission « santé et affaires sociales » lors de la réunion du 10 décembre 2021.

Surprise très amère de lire l’article 87 de ce projet de loi. Il s’agit visiblement de rendre plus strict le respect des fameux « quotas de numéros Inami ». Le fédéral veillera au grain et ne délivrera aucun « numéro Inami » à des étudiants dits « excédentaires » au sortir des études. Voilà qui ne manquera pas de remettre une pièce dans le juke-box du débat cyclique et interminable du contingentement des professionnels de la santé, et plus précisément des médecins.

Le secteur des soins de santé traverse aujourd’hui une crise sans précédent. L’épidémie de covid a mis en évidence de façon criante les nombreuses faiblesses structurelles préexistantes souvent connues depuis longtemps par les travailleurs du secteur. Les moyens humains destinés à faire face aux besoins de la population sont, et vous devriez en être conscients, de plus en plus insuffisants. La pénurie gravissime du personnel infirmier est une menace quasi existentielle pour le secteur. Celle des médecins généralistes et d’autres spécialités est aujourd’hui également accablante, essentiellement dans la partie francophone du pays.

Si les nombreux médecins francophones diplômés ces dernières années ont pu compenser un départ massif des médecins plus âgés à la pension, il est attendu que la situation s’aggrave fortement dans les prochaines années par suite de la réduction drastique du nombre d’étudiants autorisés à s’engager dans les études. Les années à venir verront d’ores et déjà peu de consœurs et confrères nous rejoindre. Le quota communautaire francophone, déjà gravement inadapté, ayant été amputé des étudiants « surnuméraires » des années précédentes.

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