Chaque jour qui passe à Vienne apporte son supplément de pessimisme à propos des négociations engagées pour sauver un accord crucial visant à empêcher l’Iran de se doter de l’arme nucléaire. Les interminables tractations qui avaient permis de parvenir au compromis de 2015 (un gel du programme en échange d’une levée des sanctions internationales) avaient déjà emprunté des voies tortueuses, mais des différences majeures permettent d’expliquer l’alarmisme actuellement en vigueur.
Le bloc des six négociateurs (Allemagne, Chine, Etats-Unis, France, Royaume-Uni et Russie) qui font face au régime iranien apparaît tout d’abord moins soudé que par le passé. Depuis 2015, l’Iran et la Chine ont ainsi approfondi leurs liens stratégiques et économiques. Les attentes de Téhéran sont sans doute démesurées rapportées aux calculs de Pékin, mais elles alimentent en Iran la conviction que le pays pourrait s’accommoder des sanctions occidentales en s’appuyant sur son partenaire chinois.
Les représentants iraniens ne sont d’ailleurs plus ceux de 2015. Le président Hassan Rohani et son ministre des affaires étrangères, Mohammad Zarif, qui avaient fait de la levée des sanctions l’un de leurs principaux objectifs de politique étrangère, ont été remplacés à la suite de l’élection présidentielle de juin par Ebrahim Raïssi et Hossein Amir Abdollahian. Contrairement à leurs prédécesseurs, ces derniers ne semblent pas considérer un nouveau compromis comme une priorité absolue, ce qui réduit également la marge de manœuvre de leurs interlocuteurs.
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