Ce « nous » vise notamment une partie de la gauche qui a accepté les thèses de la droite réactionnaire et le jeu des bateleurs de plateaux télévisés et des essayistes. Elle n’a pas su se battre et s’est laissé imposer les cadrages médiatiques sans leur opposer systématiquement un discours de progrès.
Le débat public, actuellement, se centre sur le combat contre la cancel culture et le woke, combat réactionnaire s’il en est, comme autrefois contre le « politiquement correct ». Et je me désole qu’une partie de la gauche tombe dans le piège et accepte d’en débattre comme si c’était un vrai enjeu pour la France, au lieu de démonter les thématiques de la pré-candidature d’Éric Zemmour, bien plus dangereuses à mon sens, ou de résoudre avec humanité et justice ce qui se passe à la frontière entre la Pologne et la Biélorussie.
L’offensive remonte à l’émergence de la Nouvelle Droite, à la fin des années 1970. Leurs représentants voulaient renverser l’hégémonie culturelle et politique de la gauche, termes qu’ils empruntaient à Gramsci, et ils y sont parvenus progressivement. Ce n’est pas un accident contemporain ou lié à un événement en particulier ; il y a eu bien sûr des controverses qui ont accéléré la force de la réaction, mais c’est un mouvement de fond, lent et continu dont on mesure particulièrement bien les dégâts aujourd’hui.
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