La situation dans laquelle les journalistes et autres chiens de garde de la démocratie (universitaires, ONG…) sont contraints d’exercer leurs activités médiatiques aux quatre coins du globe est alarmante. Comme le dénonce Reporters sans frontières, chaque année, nombre de ces acteurs subissent pressions, harcèlements, agressions ou encore violences.
Quelques exemples : la difficile couverture médiatique de la crise sanitaire entremêlant refus d’accès aux sources d’information, désinformation, censure et emprisonnement, à l’instar de celui de la journaliste Zhang Zhan ; les révélations du projet Pegasus sur l’espionnage de centaines de journalistes et d’acteurs de la démocratie ; ou encore l’assassinat de journalistes d’investigation, comme la maltaise Daphné Caruana Galizia ou le grec Giórgos Karaïváz. La situation des entreprises médiatiques est également inquiétante dans plusieurs pays européens.
Aux niveaux européen et national, des initiatives législatives sont prises afin de lutter contre les contenus illégaux et dommageables. Si les objectifs déclarés sont en soi louables (comme, par exemple, lutter contre la désinformation en ligne ou protéger les personnes vulnérables), elles risquent de limiter indûment la liberté d’expression en ce qu’elles ne prévoient pas de garanties suffisantes pour les libertés d’expression et de presse.
Tel est le cas, au niveau européen, de la proposition de Digital Services Act . Le texte prévoit l’obligation pour les plateformes, en premier lieu les Gafam, de mettre en place des mesures de modération des contenus. Le risque est grand de voir confier ce rôle de « juge de l’intérêt général » à ces acteurs privés sans légitimité démocratique et dont l’indépendance et l’impartialité sont peu garanties. Par ailleurs, aucune dérogation n’est prévue pour les contenus journalistiques qui ont pour objectif d’alerter, de sensibiliser et/ou de dénoncer des contenus illégaux ou dommageables.
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