Les pauvres et les chômeurs, des boucs émissaires jalousés

Joachim Coens, président du CD&V, a sur notre monde des conceptions pour le moins inhabituelles. Ou disons plutôt qu’elles s’inscrivent pleinement dans les clichés en vigueur dans son milieu. Quoi qu’il en soit, sa vision de l’humain se limite aux aspects matériels, à l’argent  – donc à une vision du monde plutôt restrictive que reflète aussi la radicalité de sa conclusion : à l’opposé de la tradition démocrate-chrétienne, il circonscrit sa cible électorale à la classe moyenne, qu’il appelle « les gens ».

C’est le schéma qu’il esquisse dans les pages du Tijd : il y a donc « les gens ». Au-dessus d’eux se trouve une tranche de population dont il peut seulement dire, en toute neutralité, que bon nombre d’entre eux « ont suffisamment de moyens ». Et puis, il y a le « bas du panier » qui, lui non plus, ne semble pas composé de « gens ». D’après le langage utilisé par M. Coens, « ils » et « nous » n’appartiennent pas au même monde. À propos de ces « ils », il ne peut dire qu’une chose : « il y en a beaucoup qui abusent ». Non pas quelques-uns, ici ou là, mais « beaucoup » ; c’est systématique, c’est inhérent à leur condition.

La rengaine – ou plutôt ce préjugé navrant – est connue : toute pauvreté est le fruit d’un échec individuel. Et ce préjugé, M. Coens le tisonne davantage encore, le complétant d’une condamnation morale. Non seulement les pauvres sont coupables de l’être, mais en plus, ils sont nourris de mauvaises intentions. C’est donc là l’opinion que se fait M. Coens d’un Belge sur sept – puisque c’est la proportion des personnes qui vivent sous le seuil de pauvreté. Un Belge sur cinq n’a pas les moyens de s’offrir une petite semaine de vacances (Cf. De Standaard, 1er décembre).

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