Entre les trois partenaires de la future coalition au pouvoir à Berlin, ce fut la bataille la plus rude des négociations sur le contrat de gouvernement qui se sont achevées mercredi 24 novembre : qui emporterait le portefeuille des finances et avec quelle feuille de route ? Christian Lindner, chef du Parti libéral FDP, réputé partisan de l’orthodoxie budgétaire, convoitait ouvertement ce poste-clé de la première économie d’Europe : il l’a finalement emporté. Ce choix, aussi lourd de conséquences pour les ménages et entreprises allemands que pour les partenaires de Berlin dans la zone euro, était redouté tant à Paris qu’à Rome et à Madrid.
Une lecture attentive du document de 177 pages qui constitue le contrat de coalition laisse cependant des motifs d’espérer une plus grande ouverture du futur gouvernement allemand, soucieux de confirmer son solide ancrage européen. Dans une équipe tricolore dirigée par le social-démocrate Olaf Scholz (SPD), le ministère des finances revenait d’office à l’un des deux autres partis, le FDP ou les Verts. Le choix de M. Lindner était prévisible, mais l’orientation fortement pro-européenne des Verts a visiblement pesé dans la formulation du programme de la coalition.
Cette ouverture potentielle est perceptible sur deux points sensibles pour les partisans d’un assouplissement des règles budgétaires européennes : le pacte de stabilité et de croissance, adopté en 1997, qui limite le déficit budgétaire des Etats membres à 3 % de leur PIB et leur dette publique à 60 %, et la possibilité de perpétuer l’instrument d’une dette commune européenne créé par le plan de relance anti-Covid de juillet 2020.
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