Le G20 et les moyens de la sécurité climatique 

Avec l’accord de Paris sur le climat, le monde s’est fixé un but : maintenir le réchauffement global dans la limite de 1,5° Celsius par rapport aux niveaux préindustriels. Le Groupe d’experts intergouvernemental sur l’évolution du climat (GIEC) a expliqué pourquoi cet objectif est légitime. Dépasser le seuil de 1,5° C mettrait en péril la vie sur la planète avec une possible montée du niveau des mers de plusieurs mètres, l’effondrement d’écosystèmes essentiels et les rejets atmosphériques du méthane emprisonné dans le permafrost en fusion qui rendraient incontrôlable le réchauffement. Pourtant, le monde est actuellement sur une trajectoire qui aboutit à un réchauffement global des températures de 2,7° C – catastrophique.

Au printemps de cette année, l’Agence internationale de l’énergie (AIE) a indiqué par quels moyens technologiques il est possible de parvenir à l’objectif de 1,5° C. Nous devons avoir décarboné le système énergétique mondial d’ici 2050. Échéance accessible, en remplaçant les énergies fossiles par des sources renouvelables et des biocarburants pour la production d’électricité, les transports, le bâtiment et l’industrie. Au-delà de tout cela, nous devons aussi cesser la déforestation et restaurer massivement les sols dégradés.

Jusqu’à présent, la participation des États est un échec lamentable. Pour reprendre l’inimitable expression de Greta Thunberg, ils doivent dépasser le « Blah, blah, blah », c’est-à-dire vouloir les moyens de la décarbonation.

Tout d’abord, les États doivent prévoir comment auront évolué les systèmes énergétiques et l’utilisation des sols au milieu du siècle. Nous ne disposons que de vingt-huit années avant 2050 : les gouvernements, face à la nécessité d’une réorientation massive des systèmes énergétiques et des pratiques d’utilisation des sols, doivent planifier les politiques publiques et les nécessaires investissements qui les accompagneront. Ils doivent aussi faire comprendre leurs projets en les soumettant à la critique et au débat publics, en les y adaptant, afin qu’ils soient acceptés et soutenus.

Deuxièmement, les gouvernements doivent réglementer. Comme l’écrit clairement l’AIE dans son rapport, il n’est plus nécessaire ni justifié d’investir dans les carburants fossiles. Nous disposons d’assez de réserves prouvées. Aucun pays ne devrait pouvoir déroger à la fin des explorations et à l’arrêt du développement des énergies fossiles.

La suite ici  : Le G20 et les moyens de la sécurité climatique | by Jeffrey D. Sachs – Project Syndicate