Besoin de tomates cerises pour préparer votre apéritif ? Sachez que celles de la marque Azura sont certifiées « 100 % neutres en carbone ». Petite soif en rentrant de votre séance de sport ? Si vous choisissez une bouteille Volvic, vous opterez pour une marque « certifiée neutre en carbone ». Quant à la paire de chaussures qui doit vous être livrée incessamment sous peu à votre domicile, pas d’inquiétude : le groupe La Poste s’affiche comme le « premier opérateur postal au monde 100 % neutre en carbone ».
Miracle de la communication publicitaire, ces quelques exemples pris au hasard porteraient presque à croire que l’espèce humaine est – enfin ! – alignée sur ses propres objectifs de baisse des émissions de CO2. À y regarder d’un peu plus près, le tableau est évidemment moins réjouissant. Pour rappel, les émissions mondiales de CO2 continuent de croître à tel point que, comme le n otait l’Académie des sciences australienne en mars 2021, la moyenne de l’augmentation de température prévue d’ici 2100 « si les politiques climatiques planétaires actuelles se poursuivent » se situe entre 2,7 et 3,1° C.
Malgré cette dissonance, le constat demeure : en quelques années, l’expression « neutralité carbone » s’est répandue comme une traînée de poudre dans les pays développés. En septembre 2020, un rapport publié par le Data-Driven EnviroLab et le NewClimate Institute notait que « le nombre d’engagements pris par les collectivités locales et les entreprises pour atteindre [la neutralité carbone] a pratiquement doublé en moins d’un an ». Désormais mis en avant dans les rayons des supermarchés, sur les portes de certains véhicules utilitaires et sur les affiches promotionnelles des plus grandes marques, le concept s’est imposé dans notre quotidien à une vitesse telle qu’il devient parfois difficile de saisir ce qu’il désigne réellement.
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