Prêter pour coloniser

Les expéditions punitives et entreprises militaires sont désormais remplacées par l’arme non moins persuasive de l’aggravation des déficits publics des nations ne disposant pas d’une monnaie souveraine capable d’être librement émise. A cet égard, l’«indépendance» de nombre de ces pays endettés n’est qu’une illusion tant ils sont en réalité sous la coupe de leurs créanciers.

Ceux-ci, aujourd’hui, ont changé de camp. De méthode aussi. Ainsi, c’est plus de 150 pays à travers le globe qui doivent à présent près de 400 milliards de dollars à la Chine au titre de son initiative dite de la «ceinture économique de la Route de la soie», dans une transparence relative puisque ces dettes ne sont pas déclarées que très partiellement à la Banque Mondiale. Une quarantaine de ces débiteurs Etatiques sont des nations très pauvres comme le Cambodge, le Myanmar, le Laos, les Maldives ou la Papouasie qui doivent à la Chine plus de 10% de leurs P.I.B. respectifs. Donc, s’il est devenu pour les puissances en quête de domination actuellement nettement moins dangereux du point de vue des pertes humaines de coloniser, un glissement supplémentaire est en train de s’opérer. En effet, les dettes accordées à des Etats attirent bien trop l’attention en comparaison de celles consenties aux entreprises de ces pays pauvres. Voilà donc que 70% des montants prêtés par la Chine le sont désormais – non plus à des gouvernements – mais à des entreprises publiques, privées et à des banques locales de ces pays en détresse financière.

La suite ici : Prêter pour coloniser – Michel Santi