Le 4 novembre 2020, en plein milieu de la pandémie, l’indice Dow Jones dépasse le cap de 30 000 points pour la première fois alors qu’une crise mondiale éclate au grand jour. Ce moment met en évidence la déconnexion entre les marchés financiers et la société.
Le rebond spectaculaire des bourses a été provoqué par l’injection massive de capitaux par la Réserve Fédérale américaine et par des mesures de stimulation budgétaire qui ont atteint, au niveau mondial, 16 000 milliards de dollars en un an. C’est le contribuable qui est venu au secours des actionnaires. Ce déséquilibre est devenu insoutenable et questionne les mécanismes qui permettent un tel abus face auquel le populisme s’engouffre alors que c’est l’humanisme qui devrait prévaloir.
Comment une telle dérive financière du capitalisme a-t-elle été rendue possible ? De lieu de rencontre entre les entreprises et les investisseurs, le marché des capitaux s’est étendu à un écosystème fragmenté qui permet à chaque grand acteur de s’assurer que son propre intérêt est bien servi. Entre les banques, les fonds spéculatifs, les traders et divers opérateurs et conseillers, la responsabilité est partagée, mais elle est collective.
Face à cette foison d’intérêts divers, l’horizon de temps s’est raccourci, soutenu par l’arrivée d’acteurs spéculatifs et une recherche frénétique des profits trimestriels non seulement des entreprises mais aussi des investisseurs. Il suffit de s’assurer que les dirigeants soient rémunérés par le cours de bourse, plutôt que par les résultats de leur entreprise, pour boucler le système sur lui-même en favorisant les actionnaires.
La suite ici : Wall Street à l’assaut de la démocratie: comment les marchés financiers exacerbent les inégalités