L’affaire Pinxten, nouveau symbole des dysfonctionnements des institutions européennes 

La Cour européenne de justice (CEJ) vient de rendre dans l’affaire Pinxten un jugement essentiel pour toutes les institutions européennes, et pas seulement la Cour des comptes. Pour le comprendre, il faut revenir sur ses causes.

Karel Pinxten fut naguère ministre belge de l’Agriculture du gouvernement Dehaene. A ce titre, il contribua brillamment par son incompétence à la crise de la dioxine en 1999. Malgré sa résistance féroce, Jean-Luc Dehaene le força à la démission, notamment pour avoir caché des informations sur les contaminations pendant plus d’un mois (et avoir été largement absent de son cabinet pendant la crise, comme son collègue Marcel Colla). Cela ne l’empêcha pas de poursuivre une brillante carrière (Maggie de Block a de beaux espoirs). Il fut nommé à la Cour des comptes européenne en 2006. En 2018, quoiqu’il était déjà sous l’enquête de l’Office européen des fraudes (Olaf), le gouvernement Michel le renomma. Même après que le Parlement européen ait rendu un avis négatif sur sa nomination, le gouvernement Michel refusa de retirer la nomination. L’affaire Pinxten, on le voit, est européenne, mais les racines de son impunité persistante se trouvent en Belgique.

Une fois nommé juge à la Cour des comptes, Karel Pinxten commença de suite les tripotages (le seul premier grief de la Cour des comptes contre lui couvre des centaines d’événements). La lecture des excellentes conclusions de l’avocat général Hogan constitue à cet égard un véritable cours, très attristant, sur l’art du détournement financier. Quant au dossier de l’Olaf, il comporte 25.000 pages. Entre autres, le baron Pinxten (car son incompétence sur la dioxine lui a aussi valu un anoblissement), a fait financer par la Cour de multiples voyages et réceptions privé(e)s, il a utilisé sa carte de carburant officielle pour alimenter des véhicules de tiers, il a continué à exercer une activité politique pendant son mandat. Il utilisait sa voiture et son chauffeur officiels pour de longs déplacements personnels. Il s’est d’ailleurs absenté longuement. Pour tout cela, il a naturellement multiplié les déclarations mensongères. Il a même réussi à faire financer par les contribuables un séjour privé de 15 jours à Cuba, et sa participation à des chasses à Ciergnon et au château de Chambord… Devant pareille avalanche, on comprend que la Cour des comptes ait voulu lui retirer le bénéfice de sa pension et récupérer plus de 500.000 euros.

L’affaire Pinxten va toutefois bien au-delà bien au-delà de la personne de Pinxten lui-même. C’est même son aspect le plus saisissant

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