L’Afghanistan a toujours été une affaire politique américaine 

Mais l’invasion de 2001, rapide, fit montre, apparemment, de toute la résolution requise. Elle sauva donc la présidence de George W. Bush, ébranlée, quelques mois plus tôt, par la défection de James Jeffords, du Vermont, qui avait coûté au Parti républicain le contrôle du Sénat. Les opinions favorables à Bush montèrent jusqu’à 90 %, pour ensuite baisser régulièrement, malgré deux autres coups de pouce, avec l’invasion de l’Irak, en mars 2003, puis la capture de Saddam Hussein, en décembre – laquelle devait lui permettre, de justesse, d’être réélu en 2004.

Si les électeurs américains ne sont pas les seuls qui apprécient les victoires rapides, faciles et peu coûteuses, ils détestent, en revanche, les conflits sans objectifs, dans de lointaines montagnes à l’autre bout du monde. Et ils vomissent par-dessus tout les images et les reportages qui leur apprennent la mort, les blessures, les traumatismes ou les dépressions de leurs soldats. On peut porter à leur crédit que le nombre n’y fait rien, la vie du soldat américain étant devenue, semble-t-il, plus précieuse, et les pertes plus durement ressenties, avec la diminution du conflit et la baisse du nombre de victimes.

En 2009, le président Barack Obama héritait d’une guerre dans laquelle il n’avait rien à gagner, mais qu’il soutint pour une raison politique : elle compensait son opposition à la guerre d’Irak. Obama ne tira presque aucun bénéfice du meurtre de Ben Laden en mai 2011 ; la hausse de sa cote de popularité ne se prolongea qu’un mois. Sa meilleure carte était de tenir l’Afghanistan à l’écart des gros titres, c’est-à-dire d’essayer de ne pas perdre là-bas, tout en cherchant ailleurs – en Libye, en Syrie et en Ukraine – des victoires suffisamment voyantes. Rien ne se passa comme prévu.

Succédant à Obama, le président Donald Trump voulut tirer profit de l’humeur de plus en plus acrimonieuse des Américains à l’égard de ces splendides petites guerres. Certes, l’État islamique est apparu durant son mandat. Mais l’EI offrait une cible facile, d’autant que la destruction de villes entières par des frappes aériennes (Mossoul et Raqqa) importait peu. Et les guerres de Trump, telles qu’elles furent menées, ne lui rapportèrent rien non plus, ce qu’il le savait.

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