Le Président, le Congrès et le dossier Israël Palestine: méthode Biden et divisions démocrates

Les divisions démocrates, et la montée d’une position progressiste en rupture avec l’ancien consensus pro-israélien, ont été les aspects intérieurs les plus visibles dans les médias et sur les réseaux sociaux, mais aussi à travers des manifestations massives dans plusieurs villes américaines. La visibilité de la génération AOC (Alexandria Ocasio-Cortez) sur les réseaux sociaux ne doit cependant pas faire oublier que le centre de gravité du parti demeure pour l’instant encore plus proche du centre que du Squad, ce que les primaires 2020 avaient traduit en donnant la victoire à Biden.

C’est à la Chambre des représentants que le renouvellement démocrate est le plus frappant, et le groupe progressiste y fait désormais jeu égal avec le caucus centriste ; c’est beaucoup moins vrai au Sénat, même si le centre de gravité démocrate y a aussi évolué vers la gauche. Ce renouvellement générationnel, symbolisé par l’élection d’AOC en 2018 au Congrès, a été confirmé lors du cycle 2020, symbolisé cette fois, entre autres, par la défaite du représentant Eliot Engel, réélu 14 fois depuis 1989, face à Jamaal Bowman dans le Bronx. Engel, baron démocrate, était un classique soutien d’Israël  et présidait la Commission des affaires étrangères de la Chambre : il a été remplacé à ce poste par Gregory Meeks, premier noir américain à présider la Commission (Meeks était cependant le plus centristes des candidats à ce poste en décembre 2020).

Les positions de ces nouveaux élus sont clairement en rupture avec l’ancien consensus pro-israélien du parti, et témoignent de l’impact de l’année 2020 et du mouvement Black Lives Matter sur la société et la politique américaines – et désormais sur les positions de politique étrangère de certains élus. Avec les thèmes de justice sociale et raciale au cœur de la vision démocrate, on observe une forme de « convergence des luttes » que Bernie Sanders a résumé dans son oped au New York Times terminant sur le cri de ralliement de la génération AOC sur les réseaux, « #PalestinianLivesMatter« . On retrouve dans ce camp, outre Rashida Tlaib, première femme palestienne américaine élue au Congrès, l’élue du Minnesota, Ilan Ohmar, Cori Bush, pilier du mouvement BLM et première élue noire du Missouri, et bien d’autres. Ce que dit cette aile progressiste démocrate, c’est que les États-Unis doivent faire évoluer la relation avec Israël, en faisant pression pour une meilleure prise en compte des droits des Palestiniens, y compris en conditionnant l’aide militaire américaine.

Le poids croissant au sein du parti démocrate d’élus qui soutiennent une politique américaine plus équilibrée entre Israël et les Palestiniens reflète l’évolution de l’opinion américaine.

La suite ici : Le Président, le Congrès et le dossier Israël Palestine: méthode Biden et divisions démocrates