Une chose est acquise, certes : nous avons tous compris qu’une femme voilée et conduisant un tram ou une rame de métro de la STIB menaçait gravement la neutralité du service public. La soupçonne-t-on de mener son véhicule de manière islamiste ? De faire de sa conduite un outil de prosélytisme mahométan ? De commettre des excès de vitesse en direction de la Mecque ? On ne saurait trop le dire, et cela n’a au fond aucune importance. En effet, la neutralité des services publics ne dépend pas seulement des actes, mais aussi, voire surtout, des apparences.
En quoi consiste une apparence non neutre ? C’est assez difficile à définir, mais il semble certain que le fait d’être visiblement musulman en fait partie. Un large consensus se fait jour pour estimer que tout usager des services publics servi par quelqu’un qu’il soupçonne d’adhérer à l’islam peut légitimement craindre qu’il ne s’acquitte pas impartialement de sa tâche, sans avoir à rien démontrer d’autre qu’une évidente musulmanité.
Or, une femme portant un fichu sur la tête peut certes avoir perdu ses cheveux et vouloir le cacher, mais elle peut aussi — et surtout — être musulmane ! Dans ces conditions, et comme ce fut abondamment relevé sur les réseaux sociaux, il est évident qu’un usager porteur d’une kippa pourrait à bon droit craindre de vivre un trajet non neutre entre la porte de Namur et l’arrêt Arenberg, ou de se voir vendre un ticket non neutre par ladite femme suspectement voilée. En faut-il davantage pour justifier une restriction des libertés fondamentales de ladite personne apparemment non neutre ? Non !
Il va sans dire que cette position n’a rien de discriminant ni de raciste. Elle se base juste sur la définition de la neutralité et sur deux constats objectifs : d’une part, le foulard permet de soupçonner l’adhésion à l’islam et, d’autre part, les musulmans éveillent la méfiance d’une large part de la population.
Le problème n’est donc pas que la femme voilée soit musulmane, il est qu’elle ait l’air de l’être. L’apparence musulmane est donc problématique, mais on comprend mal pourquoi ce ne serait le cas que lorsqu’une femme le rend visible par le port d’un voile. En effet, il est incontestable que, à Bruxelles du moins, une femme basanée a l’air arabe et qu’une femme arabe a l’air musulmane. Comment imaginer un instant qu’elle puisse se consacrer à un service public sans faire naitre des doutes quant à sa neutralité chez une partie considérable des usagers ? Il faut en conclure que, puisqu’il faut écarter des services publics les femmes d’allure musulmane, des mesures doivent être prises vis-à-vis de toutes les femmes basanées.
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