Les économistes jouent à se faire peur avec le grand retour de l’inflation

L’inflation, pour les plus jeunes d’entre nous, c’est quelque chose dont on parle dans les livres d’histoire ou que l’on voit encore parfois, en cherchant bien, dans quelques pays exotiques. Pour en avoir une idée assez précise, il faut avoir connu les années 1970 et le début des années 1980. Ceux qui ont vécu cette période n’en ont pas tous gardé un très bon souvenir.

L’inflation, ce mouvement continu et généralisé de hausse des prix, se manifeste pour la plupart des gens par une course-poursuite entre le coût de la vie et le niveau des salaires, et c’est toujours le premier qui l’emporte. Seuls s’en sortent bien ceux qui ont eu la bonne idée (ou la chance) d’emprunter au début du processus et qui voient leurs mensualités fixes de remboursement peser de moins en moins lourd chaque année.

Depuis le milieu des années 1980, l’inflation a disparu. Il faut remonter à 1982 pour trouver en France une hausse moyenne annuelle des prix à la consommation supérieure à 10%. La Banque centrale européenne voudrait bien avoir une inflation «inférieure à mais proche de 2%». Elle n’y arrive pas. Comme le constatait récemment le gouverneur de la Banque de France , «entre 1999 et 2007, l’inflation s’est établie en moyenne à 2,1%. Mais entre 2013 et 2019, elle n’est ressortie qu’à 1%. C’est nettement insuffisant.»

Comment expliquer une hausse des prix si faible? Une abondante littérature a été produite sur ce sujet. Pour aller vite, on peut citer deux causes majeures. D’abord la mondialisation, qui a conduit à la mise sur le marché de produits peu chers fabriqués dans des pays disposant d’une main-d’œuvre bon marché et abondante. Ensuite, face à cette concurrence nouvelle, la baisse du pouvoir de négociation des salariés, qui s’est traduite par une baisse du taux de syndicalisation, passé de 33% en moyenne dans les pays membres de l’OCDE à 16% en 2018.

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