La Maison-Blanche « y réfléchit ». Elle y réfléchit même « très sérieusement ». D’après la chaîne de télévision CNBC, l’administration du nouveau président américain Joe Biden examine depuis quelques jours une option qu’elle s’était jusqu’ici refusée à prendre en compte : lever les brevets de propriété intellectuelle des vaccins contre le Covid-19, afin de permettre aux autres pays du monde de s’en saisir – et donc de produire leurs propres doses. Pour rappel, c’est ce que demandent depuis plusieurs mois une centaine d’États auprès de l’Organisation mondiale du commerce (OMC), contre l’avis des principaux pays occidentaux.
Il faut dire que les espoirs de définition des vaccins anti-Covid comme « bien publics mondiaux » d’il y a quelques mois paraissent aujourd’hui lointains. En novembre 2020, 500 millions d’euros, dont 100 millions de la part de la France, avaient pourtant été promis dans le cadre du Forum de Paris sur la paix pour assurer à l’ensemble des pays un « accès équitable aux tests, traitements et vaccins contre le Covid-19 ». Fondateur de l’évènement, l’historien Justin Vaïsse souhaitait à l’époque « faire en sorte que les grands laboratoires pharmaceutiques occidentaux ne puissent pas, à terme, bloquer l’accès au vaccin contre le Covid-19 ». En mars 2021, les décalages de calendrier à l’échelle internationale relèvent désormais du constat banal – comme le démontre, entre autres, cette infographie du New York Times.
Face à ces inégalités d’accès, la demande formulée auprès de l’OMC de la part des pays « délaissés » et soutenue par de nombreuses ONG – dont Oxfam et Amnesty International – est simple : lever, ne serait-ce que temporairement, les droits de propriété qui encadrent la production et la vente de vaccins. Cela permettrait à des pays ayant les capacités productives nécessaires (Inde, Bangladesh, Brésil, Afrique du Sud…) de produire de façon autonome des doses de vaccins dont l’efficacité a déjà été validée (Pfiezer-BioNTech, Moderna, Johnson & Johnson…), non seulement à destination de leurs populations mais aussi de celles des pays du Sud, à qui des contrats moins chers pourraient être proposés. En clair, c’est l’appareil productif mondial de vaccins anti-Covid qui bénéficierait d’une telle décision.
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